Nora ANSELL-SALLES

mercredi 26 février 2014

Libres propos signés Pf François CHAST et Bernard Granger

dnf - Avastin®/ Lucentis® : "Chaque jour c’est 1 million d’€ dépensés pour rien !"
Chers collègues,


Il faut trouver 50 Md€ d'économies (tiens, on n'a pas dit "efficience"), en partie sur le dos des hôpitaux, ces pelés, ces galeux d'où vient tout le mal. Face à ces approximations, François Chast dénonce une fois de plus le scandale Avastin®/Lucentis®, qui coûte chaque jour 1M€ pour rien à la collectivité (voir son texte ci-dessous). Même si loi européenne semble protéger les industriels (voir document ci-joint) au lieu de préserver les finances publiques des états membres de l'UE, un jugement de la Cour de justice européenne datant du 11 avril 2013 a tranché en faveur de l'utilisation du produit le moins cher à efficacité équivalente et a débouté Novartis de sa demande contre la société allemande Apozyt. Ce jugement devrait encourager les autorités française à agir pour le bien commun.



Amitiés et bon courage.


Bernard Granger.
 

Avastin®/ Lucentis® : "Chaque jour c’est 1 million d’€ dépensés pour rien !"
 
Il y a autour de cette ténébreuse histoire Avastin®/ Lucentis®, un silence pesant de la part des autorités françaises. Pourtant les médias se sont fait un large écho de ce qui est devenu un scandale économique car à un moment où l’Assurance maladie envisage un déficit de 6 milliards d’euros, 7% de ce déficit serait lié à l’emploi intempestif d’un de ces deux médicaments : Lucentis® : 40 fois plus coûteux que la préparation hospitalière d’Avastin®, interdite en France, par les services de Marisol Touraine en juillet 2012.


Aucun autre pays n’a interdit l’Avastin® en ophtalmologie. Et même mieux, en avril 2013, la Cour Européenne de Justice a donné tort à Novartis qui voulait faire interdire la fabrication des seringues d’Avastin® en Allemagne.


En effet six études internationales démontrent l’identité d’action de ces deux médicaments dans la DMLA, la rétinopathie diabétique, l’occlusion veineuse centrale de la rétine, etc. En France, une étude retenue dans le Programme Hospitalier de Recherche Clinique, financé par le Ministère de la santé, l’étude GEFAL a, une fois encore, démontré l’identité d’activité des deux médicaments pour le traitement de la DMLA : les ophtalmologistes français ont obtenu les mêmes résultats que leurs confrères américains ou britanniques.


Aux USA, selon une source Medicare cité par le Washington Post, 55% des malades sont traités par Avastin®, 34% par Lucentis® ; 11% par Eylea® (un nouveau venu).



Le problème est qu’à la base il y a eu en 2006, un véritable Yalta opéré par 3 industriels qui ont le monopole des Anti-VEGF, ces médicaments qui s’opposent à la prolifération des néo-vaisseaux tant dans les tumeurs cancéreuses que dans les rétinopathies :

· Genentech (petit génie des « biotech »acheté par Roche pour 43 milliards de $ il y a quelques années) découvreur d’Avastin® et de Lucentis® qui conserve le monopole de Lucentis® aux USA,

· Roche qui n’expérimente pas Avastin® en Ophtalmologie pour laisser le champ libre à Lucentis® et qui commercialise Avastin® en cancérologie partout dans le Monde. Ses bénéfices en 2012, 9.5 milliards de $, ont représenté presque autant que le déficit de l’assurance maladie en France.

· Novartis qui possède 33% des actions de de la firme Roche, et donc très proche de Genentech, et commercialise Lucentis® hors des Etats-Unis. Ses bénéfices en 2014 (14 milliards de $ représenteront 1,5 le déficit de l’assurance maladie en France.


Qu’il nous soit permis de nous interroger sur les raisons pour lesquelles 14 mois après la publication de l’article 57 de la loi n° 2012-1404 du 17 décembre 2012 (financement de la sécurité sociale pour 2013) qui prévoyait une recommandation temporaire d’utilisation possible pour raison économique, on attende encore une application de cette Loi. Chaque jour c’est 1 million d’€ dépensés pour rien ! C’est autant qui entre au quotidien dans la poche des actionnaires des deux firmes suisses. Chaque année c’est dix mille emplois d’infirmières qui partent en fumée !
 
Pr. François CHAST
 
 

Chef du service de pharmacie clinique

G.H. Hôpitaux Universitaires Paris Centre

Cochin - Hôtel-Dieu - Broca

Secrétariat +33 1 58 41 22 98

 

Professeur associé à l'Université Paris Descartes

Pharmacie Clinique et Pharmacocinétique

4 avenue de l'Observatoire - 75006 Paris
 
 





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