Nora ANSELL-SALLES

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jeudi 3 mars 2022

Médicaments indispensables en cancérologie

Médicaments indispensables en cancérologie
L’Académie de pharmacie met une liste à la disposition des autorités françaises et européennes

Dans ses recommandations de 2018 sur les pénuries de médicaments*, l’Académie nationale de Pharmacie avait souligné l’intérêt de dresser la liste des médicaments indispensables pour focaliser l’action des parties prenantes sur ces produits. Cette recommandation a été reprise depuis successivement par plusieurs rapports officiels dont celui de Jacques Biot (2020), de la Commission européenne (novembre 2021) et de l’IGAS/CGE (décembre 2021).

L’Académie nationale de Pharmacie a donc réalisé, à partir de réflexions pilotées par l’Institut national du cancer en 2018, un premier travail sur une liste des médicaments indispensables en cancérologie, conjointement avec des experts en cancérologie et l’association européenne des pharmaciens hospitaliers. Cette liste devrait servir de base aux autorités concernées en France et en Europe pour améliorer la situation des pénuries qui touchent régulièrement cette classe thérapeutique.

https://igas.gouv.fr/IMG/pdf/2021-058r-rapport-d.pdf

jeudi 26 mars 2015


COUP DE PROJECTEUR
L’Académie nationale de Pharmacie
met à disposition son Dictionnaire des sciences pharmaceutiques et biologiques,
dans l’Univers WIKI
http://dictionnaire.acadpharm.org




Santé publique
Santé & Environnement
Biologie
Médicament
Produits de santé
Deux siècles après la première édition du Dictionnaire de médecine, de chirurgie, de pharmacie, des sciences accessoires et de l’art vétérinaire de P-H NYSTEN, l’Académie nationale de Pharmacie publie, dans un monde scientifique où l’anglais prédomine, un Dictionnaire des sciences pharmaceutiques et biologiques, en langue française : Quelles en sont les raisons ? Dans un récent ouvrage consacré à l’Académie française1, Hélène CARRÈRE D’ENCAUSSE, Secrétaire perpétuel de l’Académie française et historienne, montre comment, après tant de déchirements, de guerres civiles et religieuses, s’imposa l’idée qu’il fallait affermir la société, resserrer les liens par et autour de la langue française. A l’époque, la langue française est encore peu partagée, car confrontée à la multitude de parlers locaux. Dans son projet « politique », dans sa volonté d’unir et de rassembler, Richelieu a créé cette institution pour être au service du savoir. Elle devait être l’affaire des représentants de tous les domaines du savoir, au service d’une langue, qui certes évolue, mais reste « immortelle » en tant que créatrice de valeurs communes et de liens entre les hommes. Interrogée par un journaliste à propos de son ouvrage, Hélène CARRÈRE D’ENCAUSSE nous éclaire sur certaines similitudes avec notre présent : « depuis un demi-siècle, la langue se disloque, en raison du progrès technique et d’internet ; des idiomes particuliers, que chacun peut produire et véhiculer et qui deviennent, par-là, légitimes, prolifèrent2 ». Dans ce cadre, comment continuer à partager, à communiquer avec autrui, à réfléchir ensemble à un projet commun, si les mots deviennent autant de barrières invisibles entre les hommes? Consciente de ces écueils, fidèle aux idéaux de ses propres fondateurs et désireuse de guider toujours davantage les pharmaciens et les citoyens de l'univers de la Francophonie sur la voie de la Connaissance, l'Académie nationale de Pharmacie se devait de faire oeuvre de modernité et d'anticipation. (mars 2015) Jean-Luc DELMAS Président de l’Académie nationale de Pharmacie
1Des siècles d’immortalité. L’académie française, 1635-…Hélène CARRÈRE D’ENCAUSSE (Fayard, 2011)
2 Entretien accordé par Laurent THEIS de l’hebdomadaire Le Point le 25/11/11. Site du Point.fr « les grands Entretiens »
« La confection d’un dictionnaire, surtout quand il doit être de référence pour des centaines de millions d’usagers d’une langue de par le monde, est une marche de longue haleine, où chaque pas rencontre une embûche, une rigole, un caillou. La langue, comme la mer, toujours recommencée... ».
Maurice DRUON,
Avant-propos au deuxième tome de la neuvième édition du Dictionnaire de l’Académie française.
L’Académie nationale de Pharmacie, statutairement, a vocation à contribuer à la formation des professionnels de santé, dans tous ses domaines d’expertise, et à l’information des enseignants, des enseignants-chercheurs, des professionnels de santé et de façon générale, des citoyens. C’est pour ces raisons qu’en 1997, une première édition du Dictionnaire de l’Académie a été publiée, couvrant ses principaux domaines de compétence regroupés en cinq mots clés : Santé Publique, Médicament, Produits de Santé, Biologie, Santé et Environnement.
Animés par la volonté de partager, avec le plus grand nombre, les richesses des sciences pharmaceutiques et biologiques et de la langue française, 150 experts, rassemblés par l’Académie nationale de Pharmacie, ont travaillé sous la conduite éclairée du Professeur Francis PUISIEUX.
La nouvelle édition du Dictionnaire des sciences pharmaceutiques et biologiques est le résultat de cette action, intense et bénévole, de cinq années.
Aujourd’hui, à l’heure du numérique, c’est une version électronique qui est proposée non seulement à l’ensemble de la communauté scientifique mais aussi à tous les internautes.
Tout un chacun, où qu’il soit, peut, depuis son ordinateur, son smartphone ou sa tablette, consulter cet outil universel qu’est le dictionnaire électronique de l’Académie nationale de Pharmacie.
C’est aussi pour lutter contre le risque de désinformation d’Internet que l’Académie a choisi la diffusion de savoirs validés, véritables références pour bien communiquer. Dans la profusion des sources d’information, chacun doit pouvoir accéder à des informations de qualité, sans aucun caractère commercial ni partisan. Enfin, sous réserve de validation par des experts, le format électronique permet d’ajouter, de corriger ou de supprimer des rubriques, au fur et à mesure des connaissances acquises.
Pourquoi l’Académie nationale de Pharmacie a-t-elle décidé de proposer ce
dictionnaire sur « Internet », de façon large, ouverte, et gratuite ?
L’Académie nationale de Pharmacie, structure scientifique indépendante depuis 1803, a toujours publié ses travaux et diffusé des articles scientifiques relevant des sciences pharmaceutiques et biologiques. Dès le début du XIXème siècle, la Société de Pharmacie (devenue par la suite Académie nationale de Pharmacie) publie une revue : Le Journal de Pharmacie et des Sciences Accessoires, puis, à partir de 1815, le Journal de Pharmacie et de Chimie. Ce dernier deviendra pendant la Deuxième Guerre Mondiale les « Annales Pharmaceutiques Françaises » qui restent aujourd’hui l’organe de publication de l’Académie nationale de Pharmacie.
Ce dictionnaire est rédigé par des experts répartis au sein d’espaces disciplinaires placés sous le contrôle de responsables de groupes, garants de la validité scientifique (22 groupes de rédaction, 50 disciplines, 150 rédacteurs et correcteurs). Plus de 10 000 entrées, couvrant 20 000 définitions, font l'objet d'un contrôle exercé par des directeurs de la publication, garants de la ligne éditoriale de l'Académie et de l'homogénéité de l'ouvrage. Le dictionnaire de l’Académie nationale de Pharmacie :  des procédures simples pour le suivi et la mise à jour des définitions, permettant leur amélioration permanente et une actualisation continue des connaissances ;  des définitions regroupant les différents sens que peut avoir un même mot : sens d’origine donné par l’étymologie, sens dans le langage courant, sens scientifique, soit dans une discipline, soit sous forme de synthèse intégrant plusieurs disciplines ;  des définitions avec leur dénomination en langues anglaise et espagnole ;
 des définitions précises dans un style concis ;
 des propositions de traduction de termes anglo-saxons (maîtrise de la terminologie) ;  une présentation "normalisée ", claire, pédagogique, de consultation agréable ;  l'accessibilité pour tous, libre, facile, gratuite, y compris sur mobile, avec affichage adapté.
Principaux contributeurs à la rédaction des définitions
Ch. ADVENIER, M. AROCK, A. ARTIGES, M. ASSICOT, G. BARRATT, J.-L. BEAUDEUX, H. BÉNECH, J. BERNARDOU, P.A. BONNET, F. BONTÉ, P. BOURLIOUX, J.-L. BURGOT, J.-F. BURTIN, A. CALAS, A. CARPENTIER, P.-Y. CHAMBRIN, P. CHAMINADE, J.-P. CHIRON, E. CHOSSON, D. CHULIA, F. CLOSTRE, J.-P. CLOT, R. COURTECUISSE, L. CYNOBER, M. DEBAERT, J.-M. DELAFONTAINE, L. DELATTRE, E. DOELKER, J. DOGNON, G. DREYFUSS, J.-P. DUBOST, M. DUPIN, G. DURAND, D. DURAND, H. DUTERTRE, R. ESCALE, P. FAURE, J. FÉGER, B. FESTY, H. FICHEUX, E. FOUASSIER, M. GERMAN, F. GLOMOT, J.-G. GOBERT, J.-P. GOULLÉ, A. GOUYETTE, J.-L. GROSSIORD, Groupe Galien, J.-L. GUIGNARD, J.-M. GUILLON, J.-J. GUILLOSSON, S. HACEIN BEI, J.-M. HAGUENOER, H.P. HUSSON, J.-M. IRACHE, M. KOCH, D. LABARRE, 0. LAFONT, M. LARGERON, M. LEBOEUF, F. LÉPAGNOL, Y. LÉVI, G. LEWIN, M. LHERMITTE, G. MAHUZIER, D. MARZIN, C. MAURAIN, E. METMAN, I. MOMAS, P.-A. MOREAU, R. MOREAU, G. MORGANT, J.-M. NIVET, A. NUHRICH, J. OUSTRIN, M. PALLARDY, J. PANOUSE, M. PARIS, B. PÉNICAUT, Ph. PILOUÉE, M. PINTO, Y.-F. POUCHUS, E. POUPON, Y. POURCELOT, D. PRADEAU, F. PUISIEUX, J.-Ph. RIOULT, L. ROCHETTE, D. ROQUIER-CHARLES, V. ROSILIO, A. ROUBAN, M. SEILLER, J.-C. STOCLET, A. TOMAS, Y. TOUITOU, F. TRIVIN, J.-H. TROUVIN, C. VIGNERON, N. WALCHSHOFER
En gras sont signalés les membres du comité de pilotage
Le dictionnaire francophone de l’Académie nationale de la Pharmacie :
La qualité des informations alliée à la facilité wiki.

vendredi 6 février 2015

Dernière minute

Académie nationale de Pharmacie

 

   « Épidémies, vaccinations et société »
 
 
Vendredi 6 février 2015 de 14 h 30 à 17 h 00
Salle des Actes
Faculté des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques
Université Paris Descartes 4, avenue de l’Observatoire Paris 6ème
 
14 h 30     Accueil par      Jean-Luc Delmas, Président de l’Académie nationale de Pharmacie et
                                             Bruno Delmas, Président de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer
14 h 40         Introduction
Pierre Saliou, Président Honoraire de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer
14 h 50     « L’élimination de la rougeole et de la rubéole. Un sujet d’actualité ? »
Liliane Grangeot-Keros, membre de l’Académie nationale de Pharmacie
La rougeole et la rubéole sont généralement considérées comme des maladies infantiles bénignes, mais de nombreuses personnes peuvent être affectées quel que soit leur âge ; de plus, ces deux infections peuvent avoir des conséquences redoutables : en 2013, 147 500 décès liés à la rougeole ont été recensés dans le monde et le nombre d’enfants naissant chaque année avec une rubéole congénitale malformative est estimé à environ 100 000. En France, près de 15 000 cas de rougeole ont été recensés en 2011 et, même si le nombre de cas de rubéole a chuté de façon significative au cours de ces dernière décennies, des cas sporadiques sont rapportés chaque année chez la femme enceinte, dans notre pays. Pourtant, des vaccins sûrs et efficaces contre la rougeole et contre la rubéole ont été mis au point dans les années 60. Ainsi, au cours des campagnes de masse, organisées dans la Région OMS des Amériques, qui ont permis de vacciner plus de 250 millions d’adolescents et d’adultes, aucune manifestation post-vaccinale indésirable grave n’a été constatée. Par ailleurs, la vaccination anti-rougeoleuse a permis d'éviter 15,6 millions de décès entre 2000 et 2013 et la vaccination anti-rubéoleuse à grande échelle, au cours de la dernière décennie, a pratiquement permis d’éliminer la rubéole et le syndrome de rubéole congénitale dans de nombreux pays développés. Cependant, pour diverses raisons, la couverture vaccinale n’est pas optimale et beaucoup reste à faire pour éliminer la rougeole et la rubéole au niveau mondial.
En avril 2012, l’Initiative contre la rougeole de l’OMS– désormais Initiative contre la rougeole et la rubéole – a présenté un nouveau plan stratégique mondial de lutte contre la rougeole et la rubéole pour la période 2012-2020. Ce plan prévoit de nouveaux objectifs mondiaux pour 2015 et 2020 :
-     d’ici fin 2015 :
·       faire baisser le nombre de décès attribuables à la rougeole dans le monde d’au moins 95% par rapport à 2000 ;
·       atteindre, au niveau régional, les objectifs relatifs à l’élimination de la rougeole, de la rubéole et du syndrome de rubéole congénitale.
-     d’ici fin 2020
·       avoir éliminé la rougeole et la rubéole dans cinq Régions de l’OMS au moins.
Malheureusement, sur la base des tendances et des résultats actuels, les experts mondiaux de la vaccination ont conclu que ce plan ne sera pas atteint dans les délais prévus. Pour atteindre les objectifs fixés, il faudrait que les pays et les différents partenaires en matière de vaccination fassent davantage connaître l’objectif de l’élimination de ces infections, surmontent les obstacles à la vaccination et consentent des investissements additionnels substantiels et soutenus pour renforcer les systèmes de santé et parvenir à un accès équitable aux services de vaccination.
 
15 h 20     « L’éradication de la poliomyélite. Un sujet d’actualité ? »
Pierre Saliou, Président Honoraire de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer
En 1980, la certification de l’éradication de la variole avait fait l’éclatante démonstration qu’il était possible de vacciner toute la population du monde. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) préconisa alors un programme élargi de vaccination universel (PEV) des enfants contre les 5 maladies les plus meurtrières dans les deux premières années de vie (tuberculose, tétanos, diphtérie, coqueluche, poliomyélite et rougeole) qui fut mis en place. Dans les années 1980, la véritable euphorie entraînée par l’augmentation exponentielle de la couverture vaccinale dans toutes les régions de l’OMS, incita l’Assemblée Mondiale de la Santé (AMS) de 1988 à lancer l’Initiative mondiale d’éradication de la poliomyélite, bien que cette maladie ait des caractéristiques épidémiologiques qui rendraient cette éradication plus difficile que celle de la variole.
Certes, il existait deux excellents vaccins, le vaccin inactivé injectable (VPI de Salk) et le vaccin vivant atténué oral (VPO de Sabin) qui fut choisi pour cette initiative. La stratégie adoptée fut bien sûr la vaccination systématique des nourrissons dans le cadre du PEV complétée par des journées nationales de vaccination contre la poliomyélite, une surveillance biologique de tous les cas de paralysies flasques aiguës et des campagnes d’immunisation « par ratissage » autour des nouveaux cas confirmés. Les débuts de la campagne furent spectaculaires. De 35 000 cas notifiés (35 0000 estimés) dans 125 pays endémiques en 1988, on passa à 784 cas notifiés dans 7 pays en 2003.
Deux évènements vinrent alors entraver le bon déroulement de cette campagne : d’une part, en 2004, l’appel à la suspension de la vaccination dans l’État de Kano au nord Nigeria par des autorités irresponsables, entraînant une forte poussée épidémique qui diffusa dans 14 pays africains n’enregistrant plus de cas et, d’autre part, l’apparition dès 2000, mais surtout à partir de 2005, de formes paralytiques dues à des poliovirus résultant de la recombinaison dans la nature de virus vaccinaux avec d’autres entérovirus.
Lors de l’AMS de 2007, une résolution demandant l’intensification des efforts d’éradication a été adoptée, sans date précise pour atteindre l’objectif. Cette intensification a porté ses fruits. En 2012, il ne restait plus que 3 pays d’endémie, le Nigéria, le Pakistan et l’Afghanistan contre 125 en 1988. Fin 2014, seulement 416 cas au total ont été déclarés à l’OMS.
Mais pour atteindre l’éradication plusieurs arguments militent pour un abandon progressif du VPO, en particulier afin d’éviter l’émergence de nouveaux virus pathogènes dérivés des souches vaccinales, et son remplacement progressif par le VPI partout dans le monde, parfaitement immunogène, pouvant être incorporé dans des vaccins combinés et dont le coût est devenu très abordable.
Malgré toutes les difficultés, l’éradication de la poliomyélite est possible. De nouveaux engagements financiers ont été pris récemment et la date de 2018 pour atteindre l’objectif est maintenant avancée par l’OMS.
15 h 50     « D’où viennent les maladies émergentes ? » 
François Rodhain, membre de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer, 4ème section (Sciences)
Les émergences de maladies infectieuses paraissent, à nos yeux, plus fréquentes qu'autrefois ; elles constituent aujourd'hui, pour les responsables de santé publique humaine ou animale du monde entier, une préoccupation majeure. Aussi est-il important d'en comprendre l'origine et les mécanismes, ainsi que le rôle joué par l'homme dans la survenue brusque et généralement imprévue de ces phénomènes épidémiologiques.
Toute discussion sur les facteurs en cause suppose que soit, au préalable, défini ce qu'il convient d'entendre par "maladie émergente". Pour la plupart – pour toutes peut-être – les maladies infectieuses émergentes trouvent leur origine dans le monde animal, notamment dans la faune sauvage. Dès lors, un certain nombre de conditions doivent être réunies pour qu'une émergence potentielle "réussisse" : présence préalable ou introduction de l'agent infectieux dans la région considérée, possibilités de franchissement de barrières d'espèce, conditions bioclimatiques favorables, présence d'hôtes adéquats réceptifs, éventuellement présence de vecteurs, etc. pour que puisse se réaliser un cycle de transmission. Ceci nous amène à replacer la maladie infectieuse dans son contexte naturel ; il s'agit avant tout d'une question d'écologie.
À l'origine d'une émergence se trouve un évènement biologique ponctuel et localisé, concernant soit un micro-organisme infectieux (apparition d'un variant par mutation, franchissement d'une barrière d'espèce, bio-invasion, …), soit un éventuel vecteur (apparition d'un variant par mutation, bio-invasion, …), soit encore un hôte vertébré amplificateur ou réservoir (pullulation soudaine, bio-invasion naturelle ou anthropique, …).
Si, à cet endroit et à ce moment, les conditions s'avèrent favorables, on peut assister à une amplification et à une circulation de l'agent infectieux ; un foyer de transmission s'installe, plus ou moins localisé. Peut ensuite survenir une dissémination régionale, voire mondiale. Il est heureusement rare que ces trois étapes soient franchies (les échecs, nombreux, nous demeurent généralement inconnus) mais on perçoit bien l'importance d'une détection aussi rapide que possible pour que l'on puisse intervenir avec des chances de succès.
Il existe certainement de nombreux virus, parasites, bactéries circulant à notre insu dans la nature, en attente de circonstances permettant leur émergence ; le plus souvent, ces circonstances résultent des activités humaines (altérations des milieux naturels, urbanisation, développement des transports et des échanges commerciaux, accroissement démographique et changements de mode de vie, etc.), aboutissant à des écosystèmes nouveaux. Nous nous trouvons là dans un contexte bioclimatique mais aussi dans un contexte social, économique et politique. D'autre part, le phénomène de l'émergence est par essence multifactoriel ; il est le résultat d'une conjonction de facteurs.
Il faut reconnaitre que nous sommes face à des systèmes biologiques extrêmement complexes et que, malheureusement, un grand nombre de ces facteurs nous sont encore inconnus tant est grande notre ignorance en matière d'écologie et de génétique des micro-organismes infectieux. Parmi les facteurs d'émergence identifiés, certains demeurent hors de notre portée ; d'autres, en revanche, nous sont accessibles et devraient nous guider dans l'élaboration de plans de prévention.
L'attitude à adopter face aux émergences de maladies infectieuses consiste à associer une surveillance épidémiologique permanente, sensible et fiable, une communication rapide grâce à des réseaux d'alerte mondiaux performants et l'élaboration de plans d'action pré-établis pour des interventions ciblées. Pour ce faire, il est indispensable de renforcer notre effort de recherche, en particulier dans les domaines de l'écologie et de la génétique
16 h 30     « La vaccination, créatrice de lien social »
François Chast, Président Honoraire de l’Académie nationale de Pharmacie
La notion de lien social est aujourd’hui inséparable de la conscience que les sociétés ont du lien solidaire qui peut se créer entre les citoyens. La protection sociale fondée sur la solidarité est ainsi devenue le pendant d’une approche individuelle, la protection sanitaire et correspond à un contrat tacite qui lie l’individu à la société comme un tout, notion aujourd’hui présentée comme le « vivre ensemble ».
De ce point de vue, aucun chapitre de la thérapeutique n’a tant fait pour harmoniser les rapports entre l’individu et la société que la vaccination, non seulement parce qu’elle réduit la morbidité et la mortalité, notamment infantiles, mais aussi parce qu’elle place l’individuel et le collectif au centre d’un débat de responsabilité réciproque.
Le développement scientifique et industriel des vaccins, imaginé par Louis Pasteur fut, à la fin XIXème siècle, prémonitoire d’une interaction sociale déterminée. La souscription nationale destinée à « créer un établissement vaccinal contre la rage », permit d'établir sans aucune ambiguïté, un lien fort entre une nation prompte à s’enflammer et un objectif sanitaire décrit avec simplicité. La survie des premiers rescapés de la rage suffit à la République naissante pour "Panthéoniser" Pasteur et donner à la vaccination une image populaire de réussite de la science mise au profit des plus humbles. La République, déterminée à s’engager dans ce qu’on appelait encore la santé publique, s'autorisa, sans se poser d'inutiles questions, à rendre obligatoire le vaccin antivariolique, en 1902. 
La découverte des anatoxines diphtériques, tétaniques a permis à la pédiatrie moderne de fonder, avant la Seconde Guerre mondiale, le principe de la prévention des maladies infectieuses par une vaccination extensive des enfants à un moment où les antibiotiques n’avaient pas encore fait leur apparition. Mais alors que ceux-ci voyaient le jour au milieu du XXème siècle, de nouveaux vaccins entreprenaient, à partir des années 1950, une fructueuse croisade contre les maladies virales : poliomyélite, rougeole, oreillons, rubéole et grippe. 
La IVe République, marquée par la reconstruction d’un pays fragilisé par Guerre, inscrivit l’obligation de vacciner dans une politique globale de santé publique dont la source légale pourrait être l’alinéa 11 du Préambule de la Constitution de 1946 : « garantir à tous, notamment à l’enfant, à la mère et aux vieux travailleurs, la protection de la santé. »
Ces dernières années, une communication officielle parfois défaillante, des professionnels de santé souvent hésitants, des médias prompts à dénoncer un « système de lobbys industriels », se conjuguent pour égratigner l’image de la vaccination, comme les spéculations autour des adjuvants ou d’hypothétiques effets indésirables. Cette contestation bruyante contraste singulièrement avec la recherche (vainement attendue) de nouveaux vaccins permettant l’éradication des maladies ayant émergé ces dernières décennies : VIH, hépatite C, et plus récemment Ebola. Aucune approche pharmacologique n’aura autant fait que les vaccins pour traiter ou prévenir les maladies infectieuses et gommer les inégalités sociales ou culturelles face à certaines maladies. Malheureusement, il n'existe pas de vaccination pour prévenir les opinions publiques de la bêtise ou de l'obscurantisme, et les guérir des attitudes irrationnelles ou idéologiques face à la prévention des maladies infectieuses
16 h 50     Conclusions
17 h 00                            Clôture par           Bruno Delmas, Président de l’Académie des Sciences d’Outre-Mer et
                                             Jean-Luc Delmas, Président de l’Académie nationale de Pharmacie
                                            

jeudi 5 février 2015

Cigarette électronique: Un usage à réserver au seul sevrage tabagique




Académie nationale de Pharmacie
Santé Publique - Médicament - Produits de santé - Biologie - Santé et Environnement
Fondée le 3 août 1803 sous le nom de Société de Pharmacie de Paris
Reconnue d’utilité publique le 5 octobre 1877


Communiqué, le 5 février 2015


Cigarette électronique

Un usage à réserver au seul sevrage tabagique


Considérant :
ü  que le tabagisme en France provoque plus de 73 000 décès annuels ;
ü  que la lutte contre ce fléau doit être une priorité de santé publique ;
ü  Que, dans la cigarette électronique, l’apport de nicotine se fait sans combustion de feuilles de tabac de papier à cigarette, évitant ainsi l’inhalation d’oxyde de carbone et de nombreux produits toxiques (goudrons procancérigènes, hydrocarbures polycycliques, inducteurs d’inflammation de l’appareil respiratoire, …) ;
ü  que les données scientifiques publiées démontrent que la cigarette électronique constitue un élément important de la minimisation des risques ; 
l’Académie nationale de Pharmacie recommande que :
d'une part :
ü  la composition qualitative et quantitative des produits utilisés dans les recharges soit précisée et contrôlée dans le cadre de la norme AFNOR ;
ü  la température obtenue à la sortie de l’atomiseur soit contrôlée et limitée afin d’éviter la transformation de la glycérine en acroléine, substance très toxique ;
d'autre part,
ü  leur usage soit exclusivement réservé aux personnes en cours de sevrage nicotinique, afin d’éviter que la cigarette électronique soit une porte d’entrée vers le « tabagisme classique » ;
ü  elle soit interdite en tout lieu où l’usage du tabac est interdit.

Références :
-      Goniewicz ML, Knysak J, Gawron M, Kosmider L, Sobczak A, et al. Levels of selected carcinogens and toxicants in vapour from electronic cigarettes. Tob Control 2014; 23: 133-9.
-      Bekki K, Uchiyama S, Ohta K, Inaba Y, Nakagome H, et al. Carbonyl compounds generated from electronic cigarettes. Int J Environ Res Public Health 2014; 11: 11192-200.
-      Behar RZ, Davis B, Wang Y, Bahl V, Lin S, et al. Identification of toxicants in cinnamon-flavored electronic cigarette refill fluids. Toxicol In Vitro 2014; 28: 198-208.
-      Farsalinos KE, Spyrou A, Tsimopoulou K, Stefopoulos C, Romagna G, et al. Nicotine absorption from electronic cigarette use: comparison between first and new-generation devices. Sci Resp 2014; 4: 4133.
-      Etter JF, Bullen C. A longitudinal study of electronic cigarette users. Addict Behav 2014; 39: 491-4.
-      Kong G, Morean ME, Cavallo DA, Camenga DR, Krishnan-Sarin S. Reasons for electronic cigarette experimentation and discontinuation among adolescents and young adults. Nicotine Tob Res 2014, pii: ntu257.
-      Caponnetto P, Campagna D, Cibella F, Morjaria JB, Caruso M, et al. EffiCiency and safety of an eLectronic cigAreTte (ECLAT) as tobacco cigarettes substitute: a prospective 12-month randomized control design study. PloS One 2013, 8: e66317.
-      Bullen C, Howe C, Laugesen M, McRobbie H, Parag V, et al. Electronic cigarettes for smoking cessation: a randomised controlled trial. Lancet 2013; 382: 1629-37.
-      Etter JF, Zäther E, Svensson S. Analysis of refill liquids for electronic cigarettes. Addiction 2013; 108: 1671-9.
-      Flouris AD, Chorti MS, Poulianiti KP, Jamurtas AZ, Kostikas K, et al. Acute impact of active and passive electronic cigarette smoking on serum cotinine and lung function. Inhal Toxicol 2013; 25: 91-101.
-      Hua M, Alfi M, Talbot P. Health-related effects reported by electronic cigarette users in online forums. J Med Internet Res 2013; 15: e59.
-      Bertholon JF, Becquemin MH, Roy M, Roy F, Ledur D, Annesi Maesano I, et al. Comparison of the aerosol produced by electronic cigarettes with conventional cigarettes and the shisha. Rev Mal Respir 2013; 30: 752-7.
-      Odum LE, O'Dell KA, Schepers JS. Electronic cigarettes: do they have a role in smoking cessation? J Pharm Pract 2012; 25: 611-4.
-      McCauley L, Markin C, Hosmer D. An unexpected consequence of electronic cigarette use. Chest 2012; 141: 1110-3.
-      Caponnetto P, Campagna D, Papale G, Russo C, Polosa R. The emerging phenomenon of electronic cigarettes. Expert Rev Respir Med 2012, 6: 63-74.
-      Tassin JP, Kirsch M. La Lettre du Collège de France. Hors série 3/2010. Le Tabac. Consultable sur http ://lettre-cdf.revues.org/283.

mercredi 19 mars 2014

ACRYLAMIDE : Une information alarmiste peut cacher une information salutaire


Il est important d'informer sur les dangers potentiels de l’acrylamide, mais la tendance actuelle à ne  répercuter que certains éléments diffusés par des agences chargées de la santé et de l’alimentation, aboutit à un contresens en termes de santé publique.  

 

Connaitre la concentration en acrylamide est important mais insuffisant

Le comité mixte OMS-FAO (JEFCA) a identifié huit aliments responsables de 80% des apports en acrylamide (frites tranchées grossièrement, frites au four, croustilles de pommes de terre, céréales, pain grillé, biscuits, pain blanc et café). Mais, les expositions à l’acrylamide alimentaire varient de 0,3 µg/Kg/jour à 5 µg/Kg/jour, et, si les modifications biologiques sont corrélées à la quantité d’acrylamide ingérée, elles dépendent aussi en grande partie de variables individuelles.

 

C’est pourquoi il est plus pertinent de mesurer des témoins de l’exposition, à savoir les biomarqueurs dans les urines ou le sang : - dans les urines : en mesurant N-acetylcysteine-S-propionamide ou NACP, métabolite prédominant de l’acrylamide

             - dans le sang : en mesurant les adduits que forment l’acrylamide et le glycidamide avec l’hémoglobine, N-(2 carbamoylethyl) valine ou AAVal et le N-(2 carbamoyl-2-hydroxyethyl) valine ou GAVal. La concentration mesurée de ces adduits représente les 4 derniers mois d’exposition à l’acrylamide.

 

Définir les valeurs normales de ces biomarqueurs, comme c’est le cas pour la glycémie ou le cholestérol, est donc plus significatif en termes de santé que d’indiquer sur chaque paquet de produits agro-alimentaires son contenu en acrylamide ou précurseurs d’acrylamide. En effet, le consommateur aura des difficultés pour interpréter les valeurs indiquées sur ce qu’il achète et savoir effectivement quelle quantité il ne doit pas dépasser. En dehors d’éviter la surchauffe, il aura du mal à choisir le meilleur mode de préparation.

 

C'est pourquoi l'Académie nationale de Pharmacie recommande :

 

·         C'est aux industriels de définir les procédés de fabrication limitant la formation d’acrylamide ou de ses précurseurs.

 

·         Des études épidémiologiques fondées sur des interrogatoires téléphoniques ou sur la mortalité relevée dans les registres de mairie sont peu informatives sur le risque de décès par cancer ou maladie neurodégénérative lié à l’acrylamide. C'est aux organismes ayant vocation à faire de la recherche biomédicale de définir des programmes spécifiques ayant pour objectif de bien définir les conditions dans lesquelles l’acrylamide ou ses précurseurs sont un risque pour la santé.

 

·         La prévention par rapport aux risques de l’acrylamide ne se résume pas à supprimer les frites mais passe par une réelle définition des valeurs des biomarqueurs urinaires ou sanguins correspondant à un risque neurologique ou cancérigène afin de déterminer les personnes à risque.

 

Une frite ça va,  combien de frites pour avoir des dégâts ?

 

Rien ne sert de tenir un discours alarmiste, encore moins  de  mettre toute une population à un régime ne comportant aucun des 8 aliments majoritairement source d’acrylamide. Un seul conseil pour tous : la modération.

L'alimentation doit être personnalisée en fonction des facteurs de risque : diabète, hyperlipidémie, cancer, maladies cardiovasculaire et neurodégénérative.