Nora ANSELL-SALLES

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mercredi 1 juin 2016

MG France répond à la Conférence des doyens d’Université


Développement Professionnel Continu : MG France répond à la Conférence des doyens d’Université
mardi 31 mai 2016
La Conférence des Présidents d’Université et la Conférence des Doyens viennent de publier une tribune pour rappeler le rôle de l’Université dans la formation des professionnels de santé et demander que le gouvernement inscrive dans les textes régissant le DPC le fait que l’Université soit l’institution stratégique de la formation des professionnels de santé en France.

Il est bon de rappeler que les professionnels de santé choisissent librement leur formation post universitaire et les organismes qui la proposent. Depuis plus de 25 ans, ils se tournent vers des organismes issus de la profession. L’Université devrait peut-être chercher à en comprendre les raisons plutôt que de chercher à faire inscrire dans la loi une place privilégiée.

La place de l’Université dans la formation initiale est incontestable et indispensable, mais si le gouvernement répondait favorablement à l'exigence de la Conférence des doyens, la France serait le seul pays développé à confier la formation post universitaire à l'Université.
Quant aux allégations sur la moindre qualité des formations prodiguées par les organismes professionnels, les universitaires peuvent être rassurés par le nouveau dispositif qui prévoit le retour du contrôle préalable de la qualité des programmes de formation, contrôle qu’ils appellent de leurs vœux. L’Université a donc tout loisir de présenter aux instances de l’ANDPC ses programmes, qui seront traités comme ceux de tout organisme de DPC.
Les organismes agréés de formation continue sont profondément surpris de cette attitude qui, une fois de plus, démontre une méconnaissance de la réalité des métiers des professionnels de santé en dehors des murs des CHU et des bancs de l'Université.



Contacts :
mgfrance@mg-france.fr
Référence du communiqué de presse :
N° 395 (à rappeler en cas de demande d'information complémentaire)
Président
Claude Leicher 1er vice-président
François Wilthien
Secrétaire Général
Jacques Battistoni Secrétaire gal adjoint
Jean-Louis Bensoussan
Trésorier
Gilles Urbejtel Trésorier adjoint
Bernard Plédran
Membre de droit
Jean-Claude Soulary




lundi 2 décembre 2013

La bataille contre les caries de l’enfant n’est pas gagnée


D’après un entretien avec le Dr Patrick Rouas/ Maître de Conférences à l’Université Bordeaux Ségalen, Praticien Hospitalier au CHU de Bordeaux, chercheur permanent, au laboratoire PACEA, UMR5199, Université de Bordeaux

 

L’augmentation de la fréquence des caries, et tout particulièrement de la dégradation des premières molaires, est due à celle de la précarité, du surpoids et de l’obésité dont la prévalence chez les enfants de 3 à 17 ans s’élève à près de 18%. La bataille contre les caries de l’enfant n’est donc pas gagnée. Outre les conséquences des problématiques sociales, le mode d’alimentation, le grignotage et les boissons sucrées sont les pires ennemis des dents des enfants. C’est la raison pour laquelle la lutte contre les caries doit se faire dès le plus jeune âge. Celle-ci se prépare pendant la grossesse par une bonne information des mamans, s’entretient avec les doses de fluor adéquates et se gagne avec de bonnes habitudes d’hygiène et une alimentation équilibrée.

 

Décryptage de l’état des connaissances de la femme enceinte sur la santé bucco-dentaire de son futur enfant

 

80% des caries sont constatées chez 20% des enfants ! Ces enfants polycariés sont parfois très jeunes. Leurs caries sont agressives et les traitements sont difficiles. La précarité, l’isolement social, l’éclatement des familles en sont les causes les plus évidentes. Celles-ci ont des conséquences négatives sur l’hygiène bucco-dentaire et l’alimentation. Cette distribution inégale de la maladie carieuse augmente insidieusement année après année malgré les actions sanitaires, les campagnes d’information et d’éducation à la santé buccodentaire conduites de concert par les autorités de santé et la profession dentaire. D’autres facteurs peuvent être responsables des caries de l’enfant notamment la contamination précoce, entre 6 et 18 mois, de la mère à l’enfant qui est le plus souvent méconnue et sur laquelle les chirurgiens -dentistes peuvent agir par une sensibilisation soutenue des femmes pendant leur grossesse.

 

En effet, la grossesse est une période où les femmes peuvent être plus réceptives aux messages d’hygiène bucco-dentaire. Elles sont attentives à tout ce qui va dans le sens d’une meilleure protection de leur futur enfant. Mais que savent-elles vraiment sur ce sujet ?

 

Un décryptage de l’état des connaissances de la femme enceinte sur la santé bucco-dentaire de son futur enfant a été réalisé par les chirurgiens-dentistes. Deux études réalisées entre 2012 et 2013, en collaboration avec le service de maternité du CHU de Bordeaux (en cours de publication dans la presse scientifique internationale) chez la femme enceinte permettent de faire le point sur les connaissances de ces dernières concernant l’éducation à la santé bucco-dentaire de leur futur enfant et de tester le bénéfice d’une plaquette d’information qui serait délivrée à la maternité. Ces études ont été élaborées à partir de questionnaires distribués aux femmes enceintes. Ceux-ci, abordant les différents éléments de la santé bucco-dentaire, ont permis de mettre en évidence les connaissances ainsi que les lacunes. « Ce sont ces lacunes qu’il nous faut combattre en informant ces femmes. Se pose ensuite la question du meilleur moment pour transmettre l’information… en début de grossesse, l’impact serait faible… la fin de grossesse apparait comme le moment idéal » explique le Dr Rouas.

 

 

Que révèlent ces deux études ?

 

A partir des 614 questionnaires analysés :

- 23% des femmes donneront un biberon contenant une substance sucrée pour favoriser l’endormissement de l’enfant (ce comportement se retrouve significativement chez les jeunes mamans et chez les non actives).

- Seulement 33% des femmes enceintes débuteront le brossage des dents de leur enfant à l’âge de 6 mois.

- 22% iront consulter un chirurgien-dentiste au cours de la première année, 53% s’en remettront à l’avis du pédiatre, 21% attendront la première convocation au bilan buccodentaire de la sécurité sociale qui s’effectue seulement à 6 ans, et 4% attendront l’apparition de douleurs…

- 83% des femmes ignorent le caractère transmissible de la maladie carieuse ce qui engendrera des comportements à risque si aisément évitables (gouter la soupe dans la cuillère de l’enfant, nettoyer la tétine de l’enfant avec sa bouche…).

 

« On voit avec ces chiffres qu’il est nécessaire d’informer, de sensibiliser et de motiver les femmes enceintes. Elles ont un rôle essentiel vis à vis de leurs enfants en terme d’hygiène bucco-dentaire. La maternité est le lieu idéal pour atteindre le maximum de femmes et avoir une bonne écoute. Ensuite, il est presque trop tard… Les parents seront occupés par l’arrivée du nouveau-né à la maison et l’aspect bucco-dentaire sera souvent traité de manière secondaire » assure le Dr Rouas.

 

A savoir, quelques informations utiles…aux mamans

_ Dès l’apparition des premières dents, un nettoyage bi-quotidien devrait être réalisé par les parents, d’abord avec des compresses puis au fur et à mesure de l’apparition des molaires de lait, à l’aide d’une petite brosse à dent.

_ La contamination bactérienne précoce par streptocoque se fait le plus souvent selon une transmission mère/enfant appelée transmission verticale. Celle-ci est consécutive à certains comportements comme le partage d’une brosse à dent, d’une cuillère, le rinçage de la tétine avec la bouche…

_ La consommation fréquente de biberons contenant des liquides sucrés tels que les jus de fruits, les sodas ou le lait, y compris le lait naturel qui contient du lactose, ainsi que l’allaitement tardif, dit « à la demande », (l’enfant s’endormant au sein de sa mère) augmentent le risque de développer des caries.

_ Le grignotage et les prises alimentaires ou médicamenteuses fréquentes sous formes de sirops sucrés ou de granules homéopathiques notamment, représentent un danger pour les dents de l’enfant.

 

Apparition d’une nouvelle pathologie sur la dent de 6 ans : la MIH

 

La dent de 6 ans (première molaire permanente), pilier de l’arcade dentaire fait son éruption dans la cavité buccale dans un contexte délicat : elle apparait au fond de la bouche alors qu’aucune dent de lait n’est encore tombée, son émail n’est pas totalement mature et se trouve donc plus vulnérable. Trois années seront nécessaires pour qu’il atteigne sa maturité adulte. Il est donc important de prendre soin de cette première dent définitive par une bonne hygiène bucco-dentaire. Une anomalie de structure de l’émail dentaire, appelée MIH, est constatée de plus en plus fréquemment (3 à 25% d’enfants atteints) sur cette dent de 6 ans de manière plus ou moins sévère, associée parfois à des stigmates sur les incisives permanentes. La cause en est à ce jour inconnu…

 

Ainsi, de plus en plus de premières molaires permanentes abîmées sont observées chez l’enfant. Cela pose des problèmes de stratégies de prise en charge. Extraire ou conserver, d’autant plus si cette pathologie participe à détériorer les autres dents définitives qui feront leur apparition par la suite.

 

L’odontologie pédiatrique, en collaboration avec l’orthodontie, peut alors permettre d’offrir une solution face au délabrement précoce de ces dents de 6 ans. Néanmoins, le diagnostic précoce et la prévention des lésions sont des actions plus efficaces. « Mieux vaut intervenir en amont et éviter les dégâts » explique, le Dr Rouas On le voit à travers cet exemple, la précocité de la prise en charge de l’enfant par le chirurgien-dentiste conditionne son avenir bucco-dentaire. Malheureusement, c’est encore trop tardivement, et dans le contexte d’une urgence, que s’effectue le premier contact !

 

La protection de l’émail par le fluor : les recommandations en 2013

L’utilisation quotidienne et à petites doses du fluor est recommandée. Celui-ci a un effet protecteur vis à vis des caries. Le fluor topique comme le dentifrice, favorise la résistance de l’émail. Ainsi, un dentifrice fluoré peut être utilisé quotidiennement. Mais la quantité de fluor doit être adaptée à l’âge.

 

Avant 7 ans des dentifrices dosés à 500 ppm sont indiqués, entre 7 et 12 ans, à 1000 ppm, et à partir de 12 ans un dentifrice adulte est conseillé. Le fluor par voie systémique sous forme de gouttes ou de comprimés peut s’avérer nécessaire en complément du fluor topique dans les cas de hauts risques carieux. Mais attention, un excès de fluor chez l’enfant peut causer une pathologie appelée la fluorose. Celle-ci détériore l’émail sur lequel apparaissent des colorations plus ou moins disgracieuses. Il ne faut donc pas dépasser 1mg/24h. Pour plus de sécurité, un bilan fluoré doit être réalisé avant toute prescription de produits fluorés.

 

Les acides : les vrais ennemis des dents

La déminéralisation de l’émail génère la carie. Cette déminéralisation produite par des acides survient quand le pH salivaire buccal descend au-dessous de 5,5 (pH critique). Une nourriture trop riche en glucides et des prises alimentaires trop fréquentes dans la journée sont en grande partie responsables de la maladie carieuse. Le grignotage peut prendre diverses formes. Par exemple, l’adolescent qui boit quelques gorgées de cola toutes les heures a son pH buccal en permanence en dessous du seuil critique. Cela a pour effet de rompre l’équilibre entre déminéralisation et reminéralisation au profit de la déminéralisation.

 

« Aujourd’hui, tout est fait pour que nous soyons exposés à de mauvaises habitudes alimentaires. Les canettes de cola sont remplacées par des bouteilles de 50cl que l’on peut refermer et, par conséquent, rouvrir régulièrement. La nourriture rapide est un phénomène de société. Le sucre est omniprésent dans les produits alimentaires. Des distributeurs de nourriture ou de boissons sont installés partout … Conséquences, nous constatons de plus en plus souvent chez des jeunes, les stigmates de l’érosion dentaire »

 

Ce sont les aliments renfermant du saccharose (jus de fruit, sodas…) qui favorisent cette dégradation tissulaire. Les sodas ont un fort potentiel érosif. Ils contiennent des additifs (E338 : acide phosphorique, E330 : acide citrique, E334 : acide tartrique), également présents dans les confiseries. La plupart des sodas et des jus de fruits ont un pH compris entre 2,4 et 3,6, c'est-à-dire très acide. Il en est de même pour les boissons light.

 

Ce qu’il faut savoir pour protéger les dents toutes neuves des enfants

_ Quatre repas par jour suffisent à l’enfant et entre les repas, seule l’eau est bienfaitrice.

_ De nombreux sucres se cachent (le goût d’un aliment ne suffit pas pour dire s’il contient

du sucre ou non). Les céréales, les chips ou le ketchup par exemple contiennent de l’amidon

qui se décompose en sucre.

_ Limiter les apports en sucre et les consommer plutôt au cours des repas.

_ La consistance des aliments est à prendre en compte. Une nourriture molle et collante reste plus longtemps en contact avec les dents, ce qui majore le risque de caries.

_ Le lait contient du lactose : par conséquent, il est cariogène.

_ Consommer des aliments cariostatiques* comme le fromage plutôt en fin de repas.

*Exemples d’aliments cariostatiques : le fromage, le beurre, le cacao, l’eau, les céréales, certains fruits ou légumes comme la pomme ou la carotte, etc.

 

En savoir plus
catherine.gros@prpa.fr / sophie.matos@prpa.fr

 

 

NDLR : MGEFI et dentaire

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  • mercredi 22 mai 2013

    L’anglais hors la loi ? Enquête sur les langues de recherche et d’enseignement en France


    L'Ined prévoyait de consacrer le bulletin Population & Sociétés du mois de juin à une enquête sur les langues de travail dans la recherche et l'enseignement supérieur.
     
    En raison de l'actualité parlementaire, l’Ined a fait le choix d’anticiper en rendant public cette publication dès aujourd'hui.
     
    La publication finale sera disponible d'ici quelques jours dans son format habituel.
     Ci-joint l'enquête "L'anglais hors la loi ? Enquête sur les langues de recherche et d'enseignement en France" à paraître dans le bulletin Population & Sociétés n° 501, juin 2013.


     
    François Héran, INED
    L’Université française peut-elle enseigner en anglais ? Soulevée en 1994 par le débat sur la « loi Toubon », la question vient de ressurgir avec le projet de loi sur l’enseignement supérieur et la recherche présenté le 20 mars 2013 au Conseil des ministres, qui prévoit d’autoriser les cours en langue étrangère dans le cadre de certains programmes internationaux (encadré 1). Dès le lendemain, l’Académie française réclamait le retrait de cette mesure, qui « favorise la marginalisation de notre langue » [1]. Le président du CNRS et plusieurs prix Nobel ou médaillé Fields firent valoir au contraire que c’était le rejet de l’anglais qui risquait de marginaliser la recherche française et de nuire au pays [2].

    La science, internationale par exception ?
    Pour rassurer les chercheurs, la loi Toubon avait prévu des dérogations au monopole des cours en français : des étudiants étrangers, des professeurs étrangers, un « enseignement à caractère international ». Or la science est internationale par nature et non par dérogation. Selon le public visé, elle manie l’anglais, la langue nationale ou les langues des cultures étudiées. La formation se nourrissant de la recherche, il semble logique d’enseigner dans les mêmes langues. Cette lecture ouverte de la loi est en phase avec l’internationalisation survenue depuis vingt ans dans les appels à projets, les revues, les comités d’évaluation, le recrutement académique, la mobilité des étudiants. On compte désormais 18 % d’étrangers parmi les étudiants de masters, 41 % parmi les doctorants [3]. Or l’idée d’une dérogation pour les cours liés à des programmes internationaux semble revenir à une lecture restrictive de la loi, qui pourrait avoir pour effet non pas d’étendre la liberté d’action des universités mais bien de la restreindre.

    L’enquête ELVIRE, ou enquête sur l’usage des langues vivantes dans la recherche publique française, permet d’éclairer le débat. Menée par l’INED entre 2007 et 2009 auprès de 1963 directeurs de laboratoires et de 8883 chercheurs, elle a bénéficié du soutien de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France (DGLFLF). Elle décrit la place du français, de l’anglais et des autres langues dans l’ensemble des activités de recherche, enseignement compris. Elle permet de dresser un bilan des dix-huit années d’application de la loi Toubon dans ce domaine.



    INED, Institut national d’études démographiques (www.ined.fr)

    6967656260555149421982931303834404447475241455152715690102030405060708090100PhysiqueChimieBiologie fondamentaleSciences de l'universMathématiquesRecherche médicaleBio appliquée - écologieSc. pour l'ingénieurS H S + autres sciencesSciences socialesSciences humainesAnglais exclusif ou presqueAnglais dominantAutre langue dominanteAnglais et français à égalitéFrançais dominant ou exclusifN D




    Le français marginalisé dans les sciences dures
    Invités à ordonner les langues qui prévalent dans leur domaine au niveau international, toutes activités réunies, les directeurs de laboratoire apportent des réponses tranchées. Pour 83 % d’entre eux, la langue la plus utilisée dans leur propre domaine est l’anglais, le plus souvent en situation de monopole (42 %). Pour 10% seulement, c’est le français (8% en monopole). 3% à peine évoquent une domination partagée. Quand le français est mentionné, c’est trois fois sur quatre en seconde langue derrière l’anglais. Les autres ne viennent en tête que pour 4 % des laboratoires (dans l’ordre : espagnol, allemand, italien).
    Toutes disciplines et tous statuts réunis, 42 % des chercheurs se sentent limités dans le maniement de l’anglais, mais 77 % jugent qu’il est « devenu d’usage si courant dans la recherche que le choix de la langue ne se pose plus ». Cette idée rallie même 90 % des chercheurs nés dans les années 1980, les plus nombreux aussi à souhaiter plus de leçons et plus de pratique. Dans les sciences dites « dures » et réputées « exactes », le français n’est pas menacé de marginalisation, il est déjà marginal : 2 % seulement des directeurs de laboratoire assurent qu’il devance ou élimine les autres langues, contre 96 % pour l’anglais (figure 1). En sciences humaines et sociales (SHS), le paysage est plus contrasté mais l’anglais occupe déjà une position dominante pour 59 % des directeurs de laboratoire, contre 23 % pour le français. Encore faut-il noter le caractère tautologique de la prépondérance du français dans les départements de langue et littérature française, ainsi que ceux des départements d’histoire ou de droit qui travaillent sur la France et attendent des collègues étrangers qu’ils privilégient le français sur les mêmes sujets.



    Figure 1. Langues internationales utilisées dans la recherche selon la discipline du laboratoire (en % des directeurs de laboratoire). Source : enquête Elvire, Ined/DGLFLF, 2008.


    L’anglais entre monopole et domination
    Ces jugements sont confirmés par les pratiques des chercheurs — lire, comprendre, parler, écrire, se former, faire traduire, publier, séjourner à l’étranger, enseigner —, que l’enquête ELVIRE explore en détail, avec possibilité de réponses multilingues et graduées [3]. On se limitera à quelques synthèses, en partant des publications (figure 2).



    Pour les sciences dures, qui privilégient les articles des revues internationales, le français est marginal. En SHS, les chercheurs publient nombre d’ouvrages individuels ou collectifs,



    mais seule une minorité publie uniquement en français en l’espace d’un an : il devient courant d’alterner le français et l’anglais.

    Figure 2. Répartition des chercheurs selon le type de publication et la langue. Note : production des chercheurs sur deux années (2007-2008), sans les ingénieurs, doctorants ou contractuels. Source : enquête Elvire, Ined/DGLFLF, 2008-2009.




    Encadré 1 : La loi de 1994 et son projet de modification
    Aux termes de l’article L121-3 du Code de l’éducation, qui reprend la « loi Toubon » du 4 août 1994,
    I. La maîtrise de la langue française et la connaissance de deux autres langues font partie des objectifs fondamentaux de l’enseignement.

    II. La langue de l’enseignement, des examens et concours, ainsi que des thèses et mémoires dans les établissements publics et privés d’enseignement est le français, sauf exceptions justifiées par les nécessités de l’enseignement des langues et cultures régionales ou étrangères, ou lorsque les enseignants sont des professeurs associés ou invités étrangers.




    Les écoles étrangères ou spécialement ouvertes pour accueillir des élèves de nationalité étrangère, ainsi que les établissements dispensant un enseignement à caractère international, ne sont pas soumis à cette obligation.
    Le projet de loi d’orientation pour l’enseignement supérieur et la recherche présenté par Mme Fioraso au Conseil des ministres du 20 mars 2013 propose d’insérer avant ce dernier alinéa la disposition suivante :




    « Des exceptions peuvent également être justifiées par la nature de certains enseignements lorsque ceux-ci sont dispensés pour la mise en oeuvre d’un accord avec une institution étrangère ou internationale tel que prévu à l’article L. 123-7 ou dans le cadre d’un programme européen. »
    Autre activité majeure, les rencontres scientifiques. Si un laboratoire public en organise une en langue étrangère sur le sol français, il est légalement tenu de prévoir une interprétation vers le français. Or, parmi les laboratoires de sciences dures qui ont organisé de telles rencontres dans l’année écoulée, 90% l’ont fait sans interprète ! La proportion est moindre en SHS mais pas négligeable : 27 %. Une formule tout aussi illégale consiste à alterner l’anglais et le français sans interprète : en un an, 62 % des laboratoires ont eu l’occasion de la pratiquer en SHS, 34 % en sciences dures. Au total, seuls 20 % des organisateurs de colloques ont pu s’offrir des interprètes au moins une fois dans l’année, quitte à revenir ensuite aux formules prohibées. Même constat pour les sites Internet multilingues des laboratoires publics : les sites

    77736666676062595140889911141112111512121716151618192531467779911130%10%20%30%40%50%60%70%80%90%100%1985-19891980-19841975-19791970-19741965-19691960-19641955-19591950-19541945-1949Avant1945Génération (année de naissance)Non déclaréAutres languesque l'anglaisAnglais devantautres languesAnglais devantallemandAnglaisuniquement



    bilingues français-anglais ont beau être illégaux, l’enquête révèle qu’ils étaient en 2008 douze fois plus nombreux que les sites trilingues exigés par la loi.
    Recul du multilinguisme chez les jeunes
    Toutes choses égales par ailleurs, le grade du chercheur, son ancienneté, son origine sociale, sa langue maternelle influencent peu le choix de la langue étrangère dans les activités scientifiques. Le sexe ne joue aucun rôle. Les deux facteurs déterminants sont l’âge et, surtout, la discipline scientifique.

    Des plus âgés aux plus jeunes, les pratiques et les attitudes favorables à l’anglais progressent du simple au double : délaisser l’allemand, l’espagnol ou l’italien pour l’anglais comme langue de travail (figure 3), admettre qu’on réduit ses chances d’être connu et promu si l’on publie uniquement en français, accepter l’évaluation en anglais, mais aussi juger qu’il est possible de promouvoir l’anglais tout en défendant le français (figure 4).

    Mais le choix de la langue dépend encore plus de la discipline scientifique. Du côté des sciences du vivant et des sciences de l’ingénieur, le monopole de l’anglais unifie le champ de la science en favorisant les échanges internationaux, attirant à soi l’économie et la psychologie. À l’opposé, les sciences humaines, attachées à la diversité des cultures et des oeuvres, restent les hauts lieux du multilinguisme. L’entre-deux comprend les sciences de l’univers et les mathématiques, suivies des sciences sociales, où l’anglais est désormais dominant, mais sans aller jusqu’au monopole.
    Figure 3. Choix de la langue étrangère de travail au fil des générations : synthèse sur les langues que les chercheurs disent pratiquer « bien » ou « plutôt bien » dans les principales activités. Source : enquête Elvire, Ined/DGLFLF, 2008-2009.
    Cours en anglais : un quart des enseignants
    Toutes langues réunies, 95% des universitaires français ont donné « des cours ou des séminaires réguliers » dans l’enseignement supérieur en 2007-2008. Sur ce nombre, 9% déclarent les avoir dispensés en anglais « régulièrement » et 17 % « à l’occasion », soit un total de 26 %. De leur côté, les chargés de recherche et directeurs de recherche enseignent deux fois moins que les universitaires mais sont deux fois plus nombreux à le faire en anglais : 55 % enseignent à l’Université, dont 13 % « régulièrement » en anglais et 34 % « à l’occasion », soit un total de 47 %. Alors que les sciences dures, fortes d’un langage déjà formalisé, restent dans la moyenne, on observe des taux plus élevés en sciences politiques

     2530354045505560657075808590951985-891980-841975-791970-741965-691960-641955-591950-541945-49Génération (année de naissance)Choisir le français pour le publicnational, l'anglais pour les échangesinternationauxL'anglais est devenu d'usage si courantdans la recherche que le choix de lalangue ne se pose plusD'autres langues que le fr. ou l'anglaissont nécessaires dans les sciencespour préserver la diversité culturellePrivilégier l'anglais dans les sciences,c'est soutenir la domination de laculture anglo-américaineDans les sciences au langage trèsformalisé, le choix de la langue estsecondaire



    (15 % + 22 %) et en gestion (10 % + 23 %). De fait, le catalogue des formations anglophones dressé par l’agence Campus France s’allonge d’année en année.
    Le déclin de la dénonciation de l’Empire américain
    Trois enseignements se dégagent. Il est d’abord vain de dénoncer l’hégémonie de l’anglais dans les disciplines technologiques, les sciences de la vie et les matières formalisées, comme l’économie ou les mathématiques. Une politique coercitive qui voudrait les rabattre sur le modèle des sciences humaines serait vouée à l’échec.

    Ensuite, on ne délogera pas l’anglais par une défense anglophobe du français. La dénonciation de l’impérialisme anglo-saxon est en net recul : alors que 67 % des chercheurs nés avant 1955 pensent encore que « privilégier l’anglais dans les sciences, c’est soutenir la domination de la culture anglo-américaine », c’est le cas d’à peine 40 % des jeunes nés dans les années 1980 (figure 4). Le mot d’ordre de la « défense du français » comme langue de recherche recule de la même façon : 67 % chez les plus âgés, 38 % chez les plus jeunes. Très consensuelle en revanche est l’idée qu’il vaut mieux « choisir le français pour le public national et l’anglais pour les échanges internationaux » : 70 % des premiers, 90 % des seconds.
    Figure 4. Pourcentage de chercheurs « d’accord » avec diverses propositions sur le choix de la langue de travail, selon la génération. Source : enquête Elvire, Ined/DGLFLF, 2008-2009.
    L’effet neutre de la loi Toubon
    En dépit de la loi Toubon, l’anglais n’a cessé de progresser dans les activités des chercheurs français et de gagner les jeunes générations. 81% des directeurs de laboratoire ont constaté depuis vingt ans la progression de l’anglais comme langue dominante de leur spécialité — un constat non moins massif en SHS (83 %) qu’en sciences dures (79 %). Ceux qui diagnostiquent une progression du français sont seulement 4 % en SHS et 1 % en sciences dures.

    Les scientifiques français n’ont jamais autant cherché ni enseigné en anglais. De fait, en dix-huit ans d’application de la loi, aucune activité de recherche anglophone sur le sol français n’a été condamnée, malgré le pouvoir de dénonciation octroyé à des associations de « défense du français » sur le modèle des associations de consommateurs (encadré 2). C’est que l’étudiant ou le chercheur n’est pas un consommateur à protéger. Au « droit de comprendre », il oppose le devoir d’apprendre. On peut douter qu’un alinéa de plus ou de moins dans la loi



    contrecarre le mouvement, tant il est porté par les jeunes et inscrit dans la vocation mondiale des sciences. Mieux vaut encourager le pluralisme linguistique dans les disciplines où il fait sens, les humanités et les sciences sociales. À deux conditions cependant. Admettre qu’on peut concilier l’anglais comme langue d’échange avec le français comme langue de débat. Et renoncer aux mesures coercitives au profit d’incitations qui ne nient pas les réalités.
    Encadré 2 : La loi Toubon, une protection pour les consommateurs et les salariés
    Du rapport annuel de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France il ressort que les quelque 120 PV transmis chaque année au parquet au titre de la loi Toubon, dont une trentaine se soldent par une condamnation — chiffre relevé par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) — portent uniquement sur l’étiquetage des produits ou la prestation de services en langue étrangère, pour lesquels la loi a renforcé le contrôle mis en place dès 1975 par la loi Bas-Auriol. Aucune de ces condamnations n’a concerné l’activité scientifique des chercheurs. Il est arrivé, en revanche, que des fonctionnaires d’autorité du ministère de l’Enseignement supérieur invoquent la loi pour refuser d’agréer des formations ou des diplômes.
    Le jugement prononcé en juin 2008 par le Tribunal administratif de Paris à l’encontre de l’INSERM ne modifie pas ce constat. La direction de l’établissement avait annoncé que son conseil scientifique — où siègent des experts étrangers —auditionnerait ses équipes de direction en anglais, en vue de leur renouvellement. Saisis par des salariés qui voulaient suivre les débats, les syndicats portèrent plainte et eurent gain de cause. La justice n’a pas condamné le recours à l’anglais dans l’activité de recherche (publications, thèses, conférences, sites web, etc.) mais son emploi sans traduction dans la gestion des chercheurs, contraire aux dispositions du Code du travail renforcées par la loi Toubon pour protéger les salariés.




    Références
    [1] http://www.academie-francaise.fr/actualites/declaration-de-lacademie-francaise-du-21-mars-2013.

    [2] « Facultés : les cours en anglais sont une chance et une réalité », Le Monde, 8 mai 2013, texte signé de Fr. Barré-Sinoussi, V. Berger, A. Fuchs, S. Haroche, A. Petit, C. Villani.

    [3] « Les étudiants étrangers », in Repères et références statistiques 2012 sur les enseignements, la formation et la recherche, pp. 196-201.


    [4] F. Héran [référence au document de travail INED en cours de fabrication].



    vendredi 8 février 2013

    Institut Montparnasse / protection sociale : publication des travaux de recherche


    L’Institut Montparnasse a pour objectif de contribuer au débat public sur la Sécurité sociale en soutenant des études universitaires originales.


    Son programme de recherche, dont l’axe cardinal est la solidarité, privilégie des angles d’étude délaissés voire totalement ignorés par les recherches et publications auxquelles se réfère le débat public habituellement.


    En 2011-2012, une première série de cinq études a été publiée sur :

     

    -          « La santé : une valeur ajoutée économique supérieure à 9% du PIB », Valérie Fargeon, Marion Brunat et Chantal Euzeby – Centre de recherche en économie de Grenoble, Université Pierre-Mendès France de Grenoble, EN3S

     

    -          « Vieillissement de la population et croissance des dépenses de santé », Brigitte Dormont et Hélène Huber – Fondation du risque, Université Paris Dauphine et Université Panthéon-Sorbonne

     

    -          « Financer la protection sociale : une modélisation, une approche par la CSG », Xavier Chojniki, Jérôme Glachant et Lionel Ragot – Fondation du risque, Université Paris Dauphine

     

    -          « Assurance, prévention, prédiction… dans l’univers du Big Data », François Ewald, professeur honoraire au CNAM

     

    -          « Topologie des politiques sociales », Didier Tabuteau, responsable de la Chaire Santé de Sciences Po et codirecteur de l’Institut droit et santé de l’Université Paris Descartes

     


     

     

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    mardi 5 février 2013

    Séminaire “Recherche publique/privée en santé et développement industriel , Quelles clefs pour le succès ?” organisé par l’association DESSEIN (Dauphine EcoSanté Social Entente et Idées Nouvelles) dans le cadre de l’Université Paris Dauphine, Paris Sciences et Lettres, le 21 février 2013 de 9h à 13h , Amphi Edgar Faure, Université Paris Dauphine, afin de traiter des problématiques de financement et d’organisation de la recherche en France.

    Séminaire

     Jeudi 21 février 2013

    9h-13h, Amphithéâtre Edgar Faure, Université Paris-Dauphine

    Place du Maréchal de Lattre de Tassigny, 75016 Paris

     

    Recherche publique/privée en santé et développement industriel

    Quelles clefs pour le succès ?



    Modération :

    Claude Le Pen, professeur en économie de la santé

    Christine Roullière-Le Lidec, docteur en médecine et en sciences économiques

     

    LE DÉBAT :

     

    9h Accueil : Laurent Batsch*, Président de l’Université Paris Dauphine, Christine Roullière-Le Lidec, Présidente de DESSEIN

    Ouverture du colloque : Pierre Tambourin, directeur général de Génopole, Coprésident du rapport sur "la réforme du système de transfert et d’innovation"

     

    Grand Témoin : Arnold Munnich*, Directeur de l'unité génétique et épigénétique des maladies métaboliques neurosensorielles et du développement, Hôpital Necker

     

    09h20 Table ronde 1 : La recherche manque-t-elle de financement ?

     

    Jean-Christophe Dantonel, Directeur de programme santé Biotechnologies, Commissariat Général à l’Investissement

    Florence Ghrenassia, Directrice de l’Office du Transfert de technologie et des partenariats industriels,

    Assistance Publique –Hôpitaux de Paris

    Alain Sezeur, Responsable de formation à la Valorisation de la recherche biomédicale, UPMC,

    Chirurgie digestive et cancérologique Groupe hospitalier Diaconesses

    Pierre Angot, Sous-Directeur en Charge des industries de santé, ministère du redressement productif et co-secrétaire du Conseil Stratégique des Industries de Santé.

     

    Débat avec la salle-pause

     

    11h Table ronde 2 : La recherche manque-t-elle d’organisation ?

    Pierre Montoriol, Président du pôle de compétitivité Cancer-Bio-santé, Toulouse

    André Choulika, Président de France Bioetch

    Didier Hoch, Président du Comité « Economie des Sciences du Vivant et de la Santé » du MEDEF.

    Roger Genet, Directeur général pour la recherche et l’innovation, ministère de la recherche

    Patrick Netter Vice-Président d’Aviesan, Alliance pour les sciences de la vie et de la santé

     

    Débat avec la salle

     

    Allocution de clôture : Geneviève Fioraso,* Ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche

     

    * Sous réserve

     

    Inscription obligatoire par mail : christine.roulliere@wanadoo.fr

     

    En partenariat avec

    La Fédération Hospitalière de France, La Fédération de l’Hospitalisation Privée, La Fédération des Etablissements Hospitaliers et d’Aide à la Personne, privés non lucratifs, Le Collège des Economistes de la Santé, le Laboratoire d'Economie et de Gestion des Organisations de Santé