Nora ANSELL-SALLES

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mercredi 6 novembre 2013

VIH/VHC en prison - L'urgence


Depuis les années 1990, les associations de lutte contre le sida dénoncent la situation sanitaire catastrophique des prisons françaises. L'étude PREVACAR (estimation de la prévalence virale et de l'offre de soins en milieu carcéral) publiée par l' INVS (Institut national de Veille Sanitaire) vient une nouvelle fois confirmer les constats et les cris d'alarme des acteurs de terrains. Dans les prisons françaises la prévalence du VIH est de 2% : c'est 10 fois celle de la population générale. La prévalence du VHC de 4, 8% c'est 6 fois celle la population générale. L'étude demande un dépistage et une prise en charge de ces pathologies infectieuses pour en limiter la transmission et améliorer le pronostic des patients. L'an dernier, l'étude PRI2DE (accès aux mesures de prévention et réduction des risques infectieux en milieu pénitentiaire) confirmait l'existence de pratiques à risques liées à l'injection de drogues par voie intraveineuse.

Trente ans après le début de l'épidémie du VIH, nous sommes toujours dans l'attente de mesures urgentes de réduction des risques et de l' application de la loi du 18 janvier 1994 sur l'égalité de la prise en charge sanitaire entre le milieu libre et le milieu carcéral.

Les Ministres de la Justice et de la Santé ont initié en début d'année des groupes de travail paritaires, l'un sur la suspension de peine, le second sur la prévention et la réduction des risques en milieu carcéral. Le groupe prévention et réduction des risques infectieux a récemment transmis ses recommandations aux ministères concernés, proposant de débuter une expérimentation de programmes d'échanges de seringues.

Notre collectif participe à ces études et travaux et considère qu'il n'existe aucune justification fondée pour continuer à priver les personnes détenues d'un égal accès aux soins et aux mesures de prévention. La mise en place de programmes d'échanges de seringues expérimentaux constituerait une formidable avancée.

Des programmes d'échanges de seringues en milieu carcéral ont été expérimentés depuis plus de 20 ans dans de nombreux pays et ont montré l'efficacité d'une approche combinée de traitements de substitution aux opiacés, de programme d'échange de seringues et d'éducation par les pairs. Ces dispositifs n'ont pas entraîné de recrudescence de la toxicomanie, ni provoqué d'incidents de sécurité liés à la détention de seringues.

Au vu de cette nouvelle enquête et des conclusions des derniers travaux d'experts, nous demandons un engagement ferme et immédiat du gouvernement pour la mise en place de programmes d'échanges de seringues expérimentaux en prison.

Créé en 1992, TRT-5 est un collectif de neuf associations de lutte contre le VIH/sida impliquées sur les questions thérapeutiques et de recherche. TRT-5 poursuit principalement deux objectifs : faire valoir les besoins des personnes vivant avec le VIH auprès des acteurs du système de recherche et de prise en charge médicale et assurer la diffusion d'informations actualisées auprès des personnes concernées.

ASSOCIATIONS MEMBRES
ACTIONS TRAITEMENTS | ACT UP-PARIS | AIDES | ARCAT | DESSINE-MOI UN MOUTON | SIDA INFO SERVICE | SOL EN SI ACT UP-SUD OUEST | NOVA DONA
http://trt-5.org/

mardi 16 octobre 2012

Assistance médicale à la procréation en prison


Assistance médicale à la procréation en prison

Roger Henrion 10 et 17

 

Le rapport est présenté en séance plénière mardi 23 octobre 2012. Dès son adoption, à 16h00, un point presse est organisé pour annoncer et expliquer les recommandations que l'Académie adresse aux autorités compétentes.

 

Roger Henrion, gynécologue-obstétricien ; Pierre Jouannet, ancien responsable du service de biologie de la reproduction (Hôpital Cochin-Paris) ; Jean-Pierre Olié, psychiatre (Hôpital Sainte-Anne-Paris) ; Monique Adolphe, ancienne visiteuse de prison,  et les autres membres du groupe de travail de l'Académie de médecine, en présence de Catherine Fac (médecin pénitentiaire – Fresnes),

à l'origine du rapport, répondront à vos questions 

 

Mardi 23 octobre, 16h00

Académie nationale de médecine

16, rue Bonaparte  75006-Paris

 

En 2011, l’Académie nationale de médecine  a été saisie de la délicate question de l’assistance médicale à la procréation (AMP) en prison par le médecin d’une Unité de consultation et de soins ambulatoires (UCSA)

 

La  question remonte à 1977, mais elle est  récurrente en raison de sa complexité, de sa gravité et des interférences qu’elle implique avec les structures judiciaires et pénitentiaires. Toutefois, les demandes d'AMP sont rares ; elles intéressent essentiellement des couples dont l’homme est détenu mais aussi des situations où les deux partenaires sont incarcérés. Les demandes sont presque toujours motivées par une indication médicale. Les critères prioritaires considérés par les équipes pour accepter sont l’intérêt de l’enfant et l’indication de l’AMP.

 

Si, depuis septembre 2003, avec la création des unités de vie familiale (UVF), rien ne s’oppose en principe à ce que les couples puissent avoir des relations sexuelles et procréer naturellement quand l’un des deux ou les deux sont détenus, les possibilités pratiques ne sont pas encore très étendues.

Une demande d’AMP en condition pénitentiaire peut être faite dans différentes circonstances. Il peut s’agir de réaliser un projet parental qui ne peut être satisfait parce que la détention ne permet pas à la fertilité naturelle de s’exprimer ou qu’il existe une infertilité de cause médicale.

 

Le groupe de travail a interrogé les centres autorisés d’AMP sur les demandes éventuelles formulées par des personnes détenues au cours des trois dernières années. Vingt-neuf centres ont répondu à l’enquête, soit près de 30%.

- Douze centres ont été sollicités au moins une fois alors que l’un ou l’autre des partenaires était détenu. Onze fois, il s’agissait de centres hospitaliers dont 9 Centres Hospitalo-Universitaires (CHU), en région parisienne (6 cas), ainsi qu’à Angers, Marseille, Perpignan, Rouen, Saint Etienne et Strasbourg.

- Les centres ont reçu un total de 16 demandes (de 1 à 3) formulées par l’un et/ou l’autre partenaire (9 fois) ou par un médecin d’une UCSA (5 fois). Dans 12 cas, c’est l’homme qui était détenu, dans 4 cas les deux partenaires l’étaient. Le plus souvent, il existait une indication médicale confirmée (14 fois sur 16).

- Trois AMP ont été réalisées : 2  FIV/ICSI et un transfert d’embryons congelés. Deux fois sur trois, l’AMP avait été entreprise avant la détention. Dans l’un de ces cas, l’équipe a été informée de l’incarcération au moment du recueil du consentement, en fin de stimulation ovarienne et avant le prélèvement d’ovocytes. Le consentement de l’homme a été donné par l’intermédiaire du médecin de l’UCSA. Une seule naissance (gémellaire) a été obtenue.

Les critères considérés par les centres pour faire ou non  l’AMP ont été par ordre  décroissant sur une échelle de 0 à 5 : l’intérêt de l’enfant (4.5 en moyenne), l’indication de l’AMP (3.9), la longueur de la peine (3.6), les possibilités de procréation offertes à tous les détenus (3.5), et le motif de la détention (2.9), cette dernière case n’étant pas toujours remplie